Tout n’est pas la faute à la production mondiale record de l’acier. Près de 1,4 milliard de tonnes en 2010, en hausse de 15% par rapport à 2009. D’autant plus que cette hausse se constate essentiellement dans les produits plats (plaques, tôles et bandes) et que Sonasid produit spécialement du rond-à-béton, fer-à-béton et billettes. Les mauvais résultats financiers de l’exercice 2010 ne peuvent, comme l’a reconnu le tout nouveau directeur général du groupe, être imputables au seul marché international. L’exercice 2010 aura été une année sombre pour l’entreprise. Elle a perdu un milliard de dirhams de son chiffre d’affaires, près de 4 milliards de DH (3,989 milliards) contre plus de 5 milliards en 2009. De même, l’Ebitda est retombé à 202 millions contre 596 millions de DH. Le résultat d’exploitation plonge, et l’exercice s’achève par une perte de 54 millions de dirhams.
Pour sa première sortie médiatique à Casablanca le 1er avril, lors de la présentation de ces résultats, Ayoub Azami, très distant, a relativisé cet impact. Car, contrairement au dernier cycle haussier (2006-2008), quand la hausse des prix était provoquée par l’augmentation de la demande, explique-t-il, celle enregistrée l’année dernière est la conséquence des tensions sur les intrants.
Il parle de l’effet ciseaux, qui d’un côté, favorise la flambée des prix des matières premières, notamment la ferraille, et de l’autre, la baisse de celui des produits finis. La tonne de ferraille a connu une hausse de 650 DH/t en moyenne et les produits finis, une baisse de 150 DH, soit «850 DH/t qui affecte la marge du groupe». En tout cas, la première conséquence directe sur ses ventes: un recul de 24%. Pour autant Sonasid est resté leader, avec une part de marché estimée entre 52 et 53%.
Le groupe s’est approvisionné sur le marché local à hauteur de 75% de ses besoins en ferraille en 2010, contre 65% une année auparavant. La valeur d’usage est d’environ 400 DH la tonne en faveur de la ferraille locale qui est, cependant, brute.
Ainsi, avec une demande de produits sidérurgiques peu dynamique, le défi pour les sidérurgistes sera forcément de faire passer à leurs clients les hausses des coûts. Le patron de Sonasid admet que «la situation est intenable». Car, en plus de la conjoncture, «Sonasid passe d’une situation de monopole de fait à celle d’une forte concurrence», qui plus est, «le volume des concurrents a conduit a une surcapacité effective estimée à 40% contre une surcapacité installée de 70%». Il n’empêche, pour la stratégie de révision du business plan, hérité de son prédécesseur, Azmi confie n’avoir pour le moment rien prévu dans ses plans allant dans le sens de la réduction des prix. Dans le rôle de faiseur des prix du marché, le management de Sonasid dit également n’avoir aucun intérêt à les casser. L’urgence, selon lui, sera de revoir la politique commerciale et la distribution de sorte à «pallier les dysfonctionnements du marché ayant conduit à une très forte volatilité des prix». Ou encore, «atteindre la pleine capacité de production de l’aciérie du groupe, qui tourne actuellement autour de 700.000 tonnes».
Une marge de progression de 30% s’offre à cette unité, qui devrait permettre au groupe de tenir face à la concurrence turque et espagnole sur le marché de l’export où ces pays partent déjà avec un différentiel de coût de production énergétique de 30%. Son programme d’investissement en 2011 maintenu, dont plus de 150 millions de DH pour le maintien de l’outil de production, devrait permettre au groupe de tirer profit de la nette contre-performance de la production d’acier en Europe pour s’attaquer un peu plus au marché international, notamment la Chine.
source http://www.leconomiste.com/article/les-resultats-de-sonasid-lamines-en-2010
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