mercredi 30 mars 2011

Cosumar, un modèle industriel performant

Le groupe affiche de bons résultats malgré l'effet des inondations du Gharb sur ses deux filiales Sunabel et Surac.

À quelques semaines de la mise en cession d'une partie de son capital (détenue par la SNI), Cosumar affiche une santé robuste sur les plans commercial et financier. Aussi bien dans la raffinerie de Casablanca que sur l'ensemble des autres filiales privatisées, le groupe sucrier renvoie à un modèle industriel dont la vocation est d'assurer la sécurité alimentaire du pays en sucre. Cette denrée qui, faut-il le rappeler, se trouve depuis quelques mois au cœur d'une bulle spéculative sur les marchés internationaux, depuis que le Brésil a décidé de réduire sa production nationale.


De 2009 à 2010, le prix moyen d'une tonne de sucre brut est passé de 474 à 486 dollars et les prix nominaux étaient près d'atteindre le seuil psychologique des 500 dollars. Cette situation devait naturellement avoir un impact significatif sur les performances du groupe. Sauf que Cosumar, de par la nature et la configuration de son process industriel, a fait preuve d'une réactivité exemplaire, chose qui lui a permis de contrebalancer l'ensemble des phénomènes exceptionnels et conjoncturels, y compris dans les circonstances climatiques les plus difficiles. C'était le cas en 2009, sous l'effet des inondations, l'année agricole a été décevante dans les régions du Gharb-Loukkos, là où sont installées deux filiales du groupe, en l'occurrence Sunabel et Surac. Rien que pour ces deux sites, la perte s'est chiffrée à un peu plus de 7.000 hectares programmés et d'ores et déjà plantés. «La baisse des rendements à l'hectare chez Sunabel est estimée à 15% par rapport à 2009 et 33% par rapport à 2008», a souligné Mohamed Fikrate, président-directeur général de Cosumar, lors d'une conférence de presse organisée lundi dernier à Casablanca à l'occasion de la présentation des résultats annuels du groupe. Et d'ajouter, «le modèle de production de Cosumar a permis de parer aux aléas climatiques».

En effet, le manque à gagner en extraction a pu être rattrapé au niveau de la raffinerie de Casablanca, en profitant des investissements mobilisés dans le cadre du plan «Indimage 2012» lancé en 2007. La production de celle-ci a atteint 774 millions de tonnes en 2010, en progression de 6,4%. Notons aussi que le même exercice a été marqué par l'arrêt de l'usine des pains coulés et le démarrage de quatre nouvelles lignes automatiques de pains pack d'une capacité de 400 tonnes/jour. Sans compter les deux nouveaux silos nouvellement implantés à Casablanca, d'une capacité respective de 10.000 et 3.500 tonnes. 
En définitive, la production du raffinage a augmenté de 46.000 tonnes en 2010. Au niveau de l'extraction, malgré l'effet des inondations du Gharb, le rendement à l'hectare s'est amélioré de 1,2 points d'une année à l'autre, tiré surtout par la performance de Suta à Ouled Ayad (+8,2 points), suite à la généralisation de la mono-germe (cette expérience sera étendue aux autres filiales dès 2011).

À un niveau de 5,81 milliards de DH, le chiffre d'affaires réalisé en 2010 par le groupe Cosumar a progressé de 2%, soit le même rythme d'évolution en termes de volumétrie (+2,1%). L'excédent brut d'exploitation s'apprécie de 1,9% pour atteindre 1,16 milliard de DH. In fine, le résultat net part du groupe ressort à 577,5 millions de DH, en progression de 4,2% par rapport à 2009. Un dividende de 86 DH par action sera ainsi distribué aux actionnaires.

Le top management de Cosumar reste fidèle à ses engagements, notamment en matière d'investissement. Au 31 décembre 2010, les investissements physiques du groupe s'élèvent à 387,3 millions de DH, dont 173,6 millions de DH concernent les projets de mise à niveau et de maintenance et 164 millions de DH pour la modernisation et la mise à niveau de la raffinerie de Casablanca. Les projets de développement de Cosumar, pour l'extension et la modernisation de la raffinerie, et ceux de Suta, pour l'extension et la mise à niveau du site de Ouled Ayad, sont arrivés déjà à leur terme en 2010.

Cosumar n'exclut pas la croissance externe

Le marché marocain du sucre étant ce qu'il est, l'évolution des ventes ne dépassant guère les 3%, le groupe explore de nouveaux gisements de productivité et met le cap sur la croissance externe, particulièrement en Afrique. «Nous sommes condamnés à prospecter de nouvelles niches à l'extérieur», affirme M. Fikrate. Maintenant, Cosumar a-t-il suffisamment de moyens pour accueillir dans son giron de nouvelles filiales ? Son niveau d'endettement actuel (1,2 milliard de DH) ne paraît-il pas excessif ? «Ce niveau d'endettement est conjoncturel. Il est dû à la flambée des prix et à l'encours de la Caisse de compensation», précise Naima Benosmane, DGA Chargée de la finance, de la comptabilité et de l'approvisionnement en sucre brut. Et d'ajouter : «Les banques sont friandes du papier Cosumar. Pour mener une opération de croissance externe, nous pourrons mobiliser 500 jusqu'à 600 millions de DH». Le comportement boursier du titre sucrier nous donne la preuve de cet engouement. La valeur Cosumar a clôturé l'année 2010 à 1.950 DH contre 1.335 DH en 2009, surperformant au passage non seulement l'indice Masi, mais en plus, l'ensemble des valeurs du secteur agroalimentaire.

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