lundi 29 novembre 2010

2010, une année difficile pour la papeterie

La flambée des prix à l'international de la pâte à papier a impacté les performances.

Cette année, l'industrie de papeterie a pâti de la flambée des prix à l'international de la pâte à papier, principal intrant dans le processus de fabrication du papier. Durant le premier semestre 2010, le prix de cet intrant importé en grande quantité par les industriels a grimpé de près de 80%, affectant ainsi considérablement les performances des sociétés opérant dans le secteur.

Pour ne citer que le cas de Med Paper (société cotées en bourse), elle a affiché un chiffre d'affaires en retrait de 8,47% à fin juin 2010, principalement à cause de la variation erratique des prix de cette matière à l'international, d'autant que la pâte à papier représente près de 58% des intrants, principalement en provenance de Cellulose du Maroc. Le reste, est quant à lui, importé d'Europe, et ce en fonction des disponibilités et des offres sur le marché international. Ainsi, pour améliorer ses performances, cette société, qui table sur le démarrage de la troisième ligne de production au début du deuxième semestre 2010 pour augmenter la production de 30% et aussi le chiffre d'affaires, envisage de négocier des contrats pour l'achat de la pâte à papier pour les deux années à venir, et ce afin de se prémunir d'une éventuelle flambée. Pour le groupe CMCP, dont l'activité papetière est marquée en 2010 par une reprise de volumes de plus de 10%, (portée à la fois par un bon développement à l'export mais aussi par une amélioration de l'offre notamment pour le carton plat), la démarche est tout autre.

«La spéculation en la matière est toujours risquée et nous sommes très attentifs à suivre de plus près nos conditions d'approvisionnement pour éviter les ruptures et rester dans les conditions de marché du moment. Cette approche, contrairement à la très grande majorité de notre concurrence internationale, nous a permis également de maintenir des délais de livraisons très courts », a précisé Philippe d'Adhémar, directeur général des Papeteries du Groupe CMCP à Kénitra. C'est ainsi, que pour éviter l'impact direct sur les marges tout en fidélisant la clientèle, le management a dû agir avec précaution. «Dans un contexte de crise et de reprise économique lente, notre politique a été d'absorber au maximum ces fluctuations. Ainsi, nous n'avons répercuté que très partiellement l'impact », a-t-il poursuivi.

Le groupe, dont l'activité est axée sur l'emballage papier carton avec deux gammes de produits à savoir le carton plat et le papier pour ondulé, a profité également, cette année, du développement d'un nouveau couchage améliorant le rendu d'impression des cartons mais aussi de nouveaux produits répondant aux attentes du marché national. L'innovation, l'amélioration de la qualité et la distribution demeurent des points forts sur lesquels reposent les grandes sociétés opérant dans ce secteur pour maintenir ou développer leur positionnement. Certains même jouent la carte de l'environnement pour se différencier. C'est le cas notamment du groupe CMCP, filiale d'International Paper.

« Nous sommes en phase de lancement d'une station d'épuration des eaux usées pour assurer une fabrication respectueuse de l'environnement en ligne avec la Charte Nationale pour l'Environnement et le Développement Durable », a indiqué Philippe d'Adhémar. Actuellement, il n'existe pas au Maroc de réglementation environnementale spécifique quant à l'industrie papetière et portant notamment sur la revalorisation de ses déchets et la minimisation de l'impact de ses derniers sur son environnement.
La normalisation du procédé de production à l'image des contraintes environnementales appliquées en Europe pourrait acculer les opérateurs à engager des investissements non négligeables pour se conformer à la législation.

Concurrence déloyale

Les industries du secteur de la papeterie évoluent dans un environnement national caractérisé par l'importance du secteur informel, d'où des pratiques courantes de ventes sans TVA qui représentent l'essentiel du chiffre d'affaires afférent au secteur. A cela s'ajoutent les importations, hors droits de douane et TVA, du papier édition dont la destination est souvent détournée à d'autres fins pour venir inonder le marché informel. Il en est de même pour les importations d'autres types de papier impression-écriture, souvent sous-facturées, débouchant ainsi sur une concurrence déloyale. Ces pratiques encouragées par l'existence de barrières douanières à l'entrée devraient logiquement perdre leur sens avec le démantèlement douanier en cours.

source lematin.ma

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