lundi 12 septembre 2011

Veolia recule au Cameroun, la coopération Sud-Sud est en marche


De nouveaux acteurs apparaissent sur l’échiquier du marché international de l’eau. Il y a 3 ans Veolia et la SAUR ont dû faire face à l’apparition d’une concurrence africaine…
logo camerounaise des eauxNous avons tous en tête l’image des entreprises françaises, championnes de la distribution privée d’eau au niveau mondial : Veolia Environnement, la Lyonnaise des eaux-Suez, et la SAUR. Ces 3 groupes représentent 40% du marché mondial de l’eau. Pour s’étendre, ces 3 entreprisesadoptent plusieurs stratégies. Tout d’abord elles « volent au secours »des villes qui n’ont pas suffisamment anticipé l’augmentation de la demande en eau. Ensuite, elles peuvent racheter des compagnies privées dans les différents pays, ou encore bien que concurrentes, elles peuvent décider de coopérer afin de répondre à de grands appels d’offres.
En 2007, un consortium marocain constitué de l’ONEP (Office National de l’Eau Potable du Maroc), de Delta Holding, d’Ingema et de Med-Z a remporté contrat d’affermage pour la production et la commercialisation d’eau potable au Cameroundans 105 communes sur 10 ans aux dépens des entreprises françaises. Elle avait remporté son premier contrat à l’international de 220 millions de dollars, un an auparavant en Mauritanie, toujours face à des compagnies françaises. D’après Mounir ZOUGGARI, directeur de l’ONEP, le succès provient du partenariat public-privé mis en place : la partie privé marocaine La Camerounaise des Eaux, et la partie publique la Cameroon Water Utilities Corporation. Le consortium a également su proposer un package complet : la production et la distribution de l’eau par l’ONEP, l’ingénierie par Ingema et les travaux par Delta Holding. Monsieur ZOUGGARI ajoute même que le fait qu’il représente une entreprise africaine a certainement pesé dans la décision des Camerounais.
Pour Veolia, c’est le prix de l’eau proposé par les Marocains, bien inférieur à celui des Français, qui leur a donné la victoire. Ce prix serait inférieur au prix de production pratiqué par l’ONEP au Maroc. L’entreprise française souhaite « observer » et voir si ce prix sera maintenu sur les 10 ans du contrat. Paradoxe, la distribution d’eau auMaroc dans la capitale Rabat est assurée par Redal, à Tanger et Tétouan par Armendis, deux filiales de Veolia.
Quel bilan 3 ans plus tard ? Le transfert des services de production, de distribution d’eau entre les entreprises camerounaise et marocaine est sur la bonne voie, de même que les travaux sur les infrastructures. Alors, est-ce le début de la fin de la suprématie française dans le secteur de l’eau ? Certainement pas, mais cet exemple montre que des « émergeants » apparaissent sur le marché de l’eau, et qu’il serait imprudent de les ignorer. Dans cette histoire le grand gagnant est peut-être le Cameroun qui se retrouve à pouvoir multiplier ses choix de partenaires.
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