jeudi 7 octobre 2010

La valorisation énergétique gagne les cimentiers

Les expériences pilotes de Holcim et Lafarge

· Stade embryonnaire du processus, les volumes étant trop faibles



L’industrie du ciment est une industrie énergivore et grande émettrice de CO2. La seule alimentation des fours de cimenteries mobilise, beaucoup d’énergie. S’y ajoute la forte demande énergétique nécessaire à la cuisson de la matière minérale et au prélèvement de matériaux minéraux dans les carrières. Pour Lafarge par exemple, l’énergie, thermique et électrique, représente 66% des frais variables et 45% du coût global de production d’une tonne de ciment.
Chez Holcim, le combustible représente entre 20 et 30% des coûts de production, la variation dépendant des fluctuations des cours. «C’est pour cette raison que l’industrie cherche tous les moyens pour réduire la facture énergétique», indique Mohamed Jouhari, directeur industriel de Lafarge Maroc. C’est pour cet objectif que, chez Lafarge, les équipements destinés à la sauvegarde de l’environnement interviennent pour environ 15% du budget d’investissement.
Ces choix stratégiques en matière de valorisation énergétique ont été à l’origine d’une évolution significative de cette industrie. Toujours dans un but écologique mais aussi pour pouvoir maintenir sa compétitivité.
Dominique Drouet, président du directoire de Holcim Maroc, est catégorique. Le secteur cimentier peut être un maillon clef de la gestion des déchets grâce aux potentialités qu’offrent ses procédés en termes de valorisation.
Il avance d’ailleurs quelques chiffres significatifs. Pour l’entreprise Maroc, le non-traitement des déchets, selon la Banque mondiale, coûte 3,7% du PIB par an. «L’enjeu financier est donc monstrueux», signale Drouet. Il y a 6 millions de tonnes de déchets ménagers et 1,6 million de tonnes de déchets industriels par an. L’objectif doit être partagé, d’après Drouet. L’industrie cimentière est capable de traiter la moitié des tonnes de déchets ménagers et industriels. Pour cela, il y a un besoin de deux types d’investissements: celui qui permettra de préparer les déchets, ce qui se fait au niveau des plateformes de traitement (Ecoval pour Holcim et Eco-cim pour Lafarge) et un investissement au niveau des usines pour accueillir ces déchets et contrôler en continu les émissions atmosphériques.
Les fours à ciment jouent un rôle important dans les programmes de recyclage et de valorisation. Ces fours, d’après Drouet, n’ont pas de concurrents. «Et c’est le meilleur outil pour éliminer des déchets». La température est très élevée (soit 2.000°), le temps de séjour dans le four est excessivement long (40 secondes), ce qui permet de garantir une combustion complète des substances organiques.
Contrairement, l’incinérateur est très nocif car il émet des gaz. Quand on met des déchets dans l’incinérateur, on obtient des cendres qui sont toxiques et difficiles à traiter. «Le gouvernement a d’ailleurs décidé d’abandonner cette direction, ce qui est une bonne chose, en plus d’avoir ratifié le co-processing comme le moyen d’élimination des déchets», signale Drouet.
Pour sa part, Lafarge Maroc a mis le paquet. Un parc éolien a été mis en place à Tétouan. Il est composé de 23 éoliennes. La puissance installée est de 32 MW. Le taux de substitution atteint est de 60%. Pour l’énergie thermique, les principaux déchets utilisés comme combustibles de substitution sont des pneus et des huiles usagées. «Mais les volumes sont encore trop faibles», déclare le directeur industriel de Lafarge Maroc. C’est ce que confirme d’ailleurs Hind Baddag, directrice de développement à Holcim. L’objectif aujourd’hui est de créer des filières par type de déchets qui conduisent à leur élimination. Il existe certains déchets pour lesquels l’entreprise ne se fait pas payer comme les huiles usagées. Il ne faut pas assassiner les entreprises qui ont des déchets. Quand on en tire profit à travers une valorisation, le gain est traduit en ristourne au pollueur. Mais les déchets compliqués coûtent plus cher car leur traitement est plus onéreux.
La plateforme Ecoval aura traité 4.000 tonnes de déchets durant l’année 2010, auprès d’une centaine de clients. C’est encore dans un état embryonnaire, selon Drouet. Jouhari le confirme. Selon lui, il faut à présent trouver des moyens législatifs pour obliger les industries à valoriser leurs déchets.

source leconomiste.com

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